23

Le comte de Nissac, l’épée à la main, avançait à pas de loup en le grand jardin d’un très bel hôtel particulier de la rue de Tournon, située hors les murs de Paris et à laquelle on parvenait par la Porte Saint-Germain.

Ses hommes, qui le suivaient en file par un, avaient eux aussi sorti l’épée et marchaient en cet ordre : le baron de Frontignac, Florenty, monsieur de Bois-Brûlé et Nicolas Louvet tandis que le baron Le Clair de Lafitte et Fervac fermaient la marche.

Déjà, monsieur de Bois-Brûlé avait assommé le concierge d’un seul coup de poing, sans qu’il faille revoir la chose. Au reste, la surprise avait joué totalement, le petit groupe d’hommes s’étant fait ouvrir par Nicolas Louvet dont les fausses clés, correspondant aux moulages qu’il avait réalisés quelques jours plus tôt, faisaient merveille.

Nissac fit venir Louvet à ses côtés et le faussaire, une fois encore, utilisa une fausse clé tandis que le comte donnait ses ordres par gestes.

Aussitôt, ses hommes et lui-même nouèrent des foulards rouges qui leur dissimulaient le bas du visage depuis le nez. Puis ils se groupèrent, prêts à se ruer à l’intérieur.

La serrure ayant fait entendre un léger cliquetis à l’oreille de Louvet qui se trouvait penché sur elle, le comte baissa légèrement la poignée, ouvrit la porte d’un violent coup de botte et se rua dans une vaste pièce, ses hommes sur les talons.

Le propriétaire des lieux, le banquier Fabrizio Volterra, avait bien fait les choses : en raison des troubles de la Fronde, il avait obtenu du prince de Conti une dizaine d’hommes, cette troupe s’ajoutant à sa garde personnelle permanente, forte de cinq fines lames.

Les gardes de Volterra bondirent, prêts au combat.

À sept contre quinze, la partie semblait fort rude, d’autant que Nicolas Louvet ne brillait guère à l’épée et Florenty moins encore. Conscient de cette déficience, l’ancien faux-saunier jeta l’épée et vida ses deux pistolets, tuant aussitôt deux hommes car, s’il était piètre escrimeur, on ne pouvait nier ses exceptionnelles qualités de tireur.

Les deux corps, en chutant lourdement, leur front troué heurtant les dalles, créèrent un malaise chez les défenseurs.

Ce flottement, Nissac l’utilisa aussitôt, en tacticien professionnel. Épaulé par Maximilien Fervac, Melchior Le Clair de Lafitte et Sébastien de Frontignac, tous soldats valeureux et expérimentés dont deux venaient des Gardes Françaises, il s’enfonça tel un coin en l’aile gauche de ses adversaires. En quelques dizaines de secondes, cinq de ceux-ci avaient mordu la poussière.

Pendant ce temps, avec un cri rageur et dans un effort si prodigieux qu’il fit littéralement éclater son pourpoint, monsieur de Bois-Brûlé souleva une table de chêne pour six et la projeta sur les rescapés, décimant à lui seul quatre hommes de l’aile droite.

D’un bond agile qui lui venait peut-être de son passé mouvementé, Louvet s’était glissé derrière un homme de Conti et lui caressait la gorge avec un long rasoir.

Déjà, Florenty avait rechargé ses pistolets et tenait en joue deux des hommes de Volterra.

— La messe est dite !… souffla l’un d’eux en jetant son épée sur les dalles tandis que les autres, un à un, l’imitaient.

Laissant la garde des prisonniers à son contingent, duquel il préleva le seul Nicolas Louvet, Nissac se précipita dans l’escalier tandis que Fervac et Florenty allaient chercher serviteurs et laquais.

Nissac et Louvet jouaient sur la vitesse car, avec le bruit provoqué par la courte lutte, il semblait très improbable que Volterra ne fût défavorablement prévenu. L’aurait-il ignoré, le martèlement des bottes du comte et de son compagnon sur le marbre des marches les aurait de toute façon trahis.

Louvet s’immobilisa, un peu essoufflé, devant une porte massive qu’il tenta d’ouvrir. En vain.

Sans perdre un instant, le faussaire choisit une nouvelle clé de son trousseau et vint à bout de la serrure mais, comme il allait entrer, Nissac le repoussa vivement, lui indiquant par gestes qu’il ferait mieux de se tenir en retrait.

Seul face à la porte, Nissac se concentra, ouvrit brutalement et se rejeta brusquement sur le côté : deux balles passèrent en sifflant, terminant leur course en un tableau du couloir qui représentait feu madame Volterra mère tout soudainement agrémentée de deux narines supplémentaires en plein front, ce qui déclencha un fou rire chez Nicolas Louvet.

Sans s’arrêter à semblable polissonnerie, Nissac, d’un geste extraordinairement rapide, tira son poignard de la tige de sa botte, entra dans la pièce, se donna deux secondes pour situer l’adversaire et lança l’arme qui se ficha en l’épaule d’un gros homme dans la cinquantaine passée.

Grimaçant de douleur, celui-ci lâcha ses deux pistolets vides, tituba jusqu’à un haut fauteuil sur lequel il se laissa choir en geignant.

— Les sacs, vite, les sacs ! lança Nissac à Louvet qui, aussitôt, redescendit.

Resté seul en la pièce avec le blessé, Nissac s’avança et contempla le prince Fabrizio Volterra d’un air déçu. Le Ligure, qui partageait son temps entre son hôtel de la rue de Tournon et son palais de Gênes, avait piètre apparence. La graisse débordait de tous côtés et c’est en vain qu’on aurait cherché quelque signe de noblesse chez le gros homme qu’on disait cependant apparenté aux Grimaldi. Financier sans scrupule, Volterra prêtait de l’argent au roi d’Espagne afin de l’assister en son effort de guerre. S’il prêtait beaucoup, Volterra veillait à ce que ce fût pour lui à un taux des plus avantageux mais, financier fort aimable, il avait l’art de parfaire davantage encore ses services car vit-on jamais créancier pousser l’amabilité jusqu’à favoriser les entreprises politiques de son débiteur ? Tel était pourtant le cas du prince Volterra. Ainsi, vers les pays de Hollande, lui reprochait-on, preuves à l’appui, d’avoir organisé, en payant grassement les assassins, la tentative d’assassinat contre Maurice de Nassau, fils du Taciturne, général en chef des armées et de la flotte, ennemi juré du roi d’Espagne.

En finançant la Fronde, dans l’intention d’affaiblir le pouvoir royal au bénéfice de l’Espagne, il poursuivait semblable politique.

Prenant le dessus sur sa douleur, Volterra grimaça :

— Ah çà, aurez-vous le courage, à la fin, de retirer ce foulard rouge ?

Nissac s’approcha, tira d’un geste vif et sans le moindre égard sur le manche de son poignard, l’arme se trouvant toujours fichée en les chairs du prince. Après quoi, essuyant la lame rougie de sang sur la cravate de taffetas noir aux broderies d’or de sa victime, le comte répondit :

— Certainement, prince, je le conservais par pitié envers toi car si j’ôte ce foulard, et si tu vois mon visage, la consigne est de te saigner comme un porc.

Volterra lui jeta un regard paniqué.

— Ah, n’en faites rien !… Gardez votre foulard, monsieur !… Gardez-le bien !… Est-il noué comme il convient ?

— Je le crois.

— C’est là fort bonne chose car votre visage ne m’intéresse point du tout !

— Prince, es-tu occupé à me signifier que mon visage serait laid ?

— Point du tout, monsieur, je n’y songeais pas même et, en vérité, votre beauté m’indiffère !

— Voilà qui est fort singulier, prince Volterra, car en ton hôtel, tout n’est que beauté architecturale ou artistique. D’où te vient alors ce détachement des jolies choses dont la soudaineté ne laisse point de m’alarmer ?

— C’est que, monsieur, si je vous vois, vous me tuez et si je meurs, je ne pourrai plus songer à votre beauté qui, restant une énigme, saura hanter mes jours et mes nuits de survivant.

— Les nuits, voilà qui est beaucoup, prince, et la chose m’affecte en mon honneur de mâle. Me trouverais-tu, par je ne sais quelle perversion de ta vue, air féminin, tournure de demoiselle, aspect de biche tortillant du croupion devant quelque vieux cerf, toi-même, qui es gras et quinteux ?

— Ah, je sais bien tout cela quand vous êtes tout, sauf efféminé et n’avez de la biche que la grâce, par exemple en votre lancer de poignard.

— Ainsi, prince, as-tu apprécié ma manière ?… J’en suis flatté. Veux-tu que, pour ancrer notre amitié certes naissante mais dont je mesure bien la force, je recommence ?

— Ce n’est point nécessaire, monsieur !… Notre belle amitié n’a guère besoin de manifestation extérieure aussi tapageuse et n’exige aucun gage de cette sorte.

Nissac s’assit au bord du bureau et, un peu fasciné, considéra longuement Volterra :

— Je crois que tu dis n’importe quoi !

— Si fait, monsieur. Mais mettez-vous à ma place.

— C’est que je n’y tiens point trop, prince. Je sens ta position précaire et ta vie elle-même assez problématique. Il conviendrait, pour survivre, que tu te taises.

— Je serai une tombe, monsieur.

— N’anticipe point trop vite !

Bâillonné, ligoté, le prince Volterra assistait impuissant au saccage de trente ans de soins apportés à ses collections de bijoux et de monnaies anciennes. Des collections considérées comme figurant parmi les plus belles du monde chrétien.

Un homme d’allure jeune, désinvolte, mince et dissimulant comme les autres son visage derrière un foulard rouge, inquiétait tout particulièrement le prince. Qui pouvait-il être ?… Comment devinait-il tous ses secrets ?

Nicolas Louvet, puisqu’il s’agissait de lui, possédait en effet l’art de débusquer les meilleures cachettes de Volterra, devinant les cloisons creuses, perçant le mystère des meubles à secrets. Aucun bouton discret, nul mécanisme caché n’échappait à la vigilance du jeune homme et, bientôt, quatre gros sacs bourrés de pierreries et de monnaies sans prix furent emportés après qu’on les eut scellés.

Avant de quitter l’hôtel particulier, laissant le prince Volterra et les siens ligotés et grelottants en les jardins, le comte de Nissac, après un regard désolé sur les lieux, appliqua la dure loi de la guerre et jeta une torche dans le hall, au bas des grands rideaux.

On ménageait les chevaux, lourdement chargés, car le comte et ses hommes, renonçant à franchir la porte Saint-Germain, n’étaient point encore rendus en la rue Sainte-Marie Égiptienne où ils laisseraient leurs montures et troqueraient leurs habits contre ceux, moins remarquables, de Jésuites hongrois.

Or donc, ils allaient au pas et ne se pressaient point afin, également, de ne pas attirer l’attention. Ce fut là, sous l’apparence de grande sagesse, grave erreur, mais comment eussent-ils pu le deviner ? Comment prévoir, en effet, qu’un serviteur bien dissimulé avait, aussitôt après leur départ, délivré de leurs liens les survivants de l’hôtel de Tournon et qu’à présent, les six gardes qui n’étaient point morts ou blessés se trouvaient lancés à leur poursuite ? En outre, la malchance aidant, les gardes des princes Volterra et de Conti avaient rencontré un fort parti de Frondeurs, soit plus d’une trentaine de cavaliers appartenant au duc d’Elbeuf si bien qu’à présent tout ce monde donnait la chasse à Nissac et à ses hommes assimilés aux « espions du Mazarin » qu’on traquait sans pitié en la capitale.

Nissac avait imaginé de longer le faubourg et de franchir la rivière de Seine à proximité de l’inquiétante Tour de Nesle dont les créneaux dentelés et médiévaux se détachaient sur un ciel couleur d’étain.

Ils arrivèrent aux abords du pont Barbier.

C’était un pont de bois réputé solide qui, partant de la rive gauche, aboutissait sur l’autre rive à l’extrémité ouest du château des Tuileries, côté jardins. Pont certes ancien, mais fort utile, le pont Barbier évitait aux Parisiens de faire large détour par le Pont-Neuf où s’achevait brutalement l’île de la Cité seulement prolongée de la statue d’Henri IV.

Nissac, qui fermait la marche, s’engageait sur le pont Barbier lorsque des cris et une cavalcade l’alarmèrent. Il se haussa sur ses étriers, se retourna et découvrit avec stupeur la quarantaine de cavaliers qui arrivaient au grand galop, l’épée à la main. Cette fois, s’ils étaient rejoints, il n’était plus grand-chose à espérer.

Le comte de Nissac réagit aussitôt en criant :

— Forcez les chevaux !… Au galop !…

Les hommes aux foulards rouges se retournèrent, comprirent la situation en un instant et enfoncèrent leurs talons dans les flancs de leurs montures. Veillant à tous les détails, Nissac avait choisi chaque cheval avec le plus grand soin. Les bêtes, jusqu’ici grandement économisées, accélérèrent immédiatement malgré le poids d’or et de joyaux qui présentait grand désavantage.

L’eau, furieusement, battait les gros piliers verticaux du pont tandis que le plancher lui-même se trouvait par instants recouvert. Le pont Barbier craquait de toutes parts en plaintes sinistres, le vent hurlait comme un damné, la pluie fouettait les visages des cavaliers penchés sur leurs montures et qui tentaient de pousser celles-ci le plus qu’il fut possible.

L’allure des hommes aux foulards rouges était soutenue bien qu’elle fût gênée par un fort vent qui les prenait par le travers et les sacs d’or et de pierreries qui alourdissaient les courageux chevaux. Enfin, sur des montures fourbues par la violence et la rapidité de l’effort, la petite troupe en grande difficulté atteignit la rive côté Tuileries à l’instant où ses poursuivants s’engageaient déjà sur le pont au grand galop et dans des gerbes d’écume.

Nissac, qui se retournait sans cesse, comprit que sa situation était désespérée. Il allait ordonner de mettre pied à terre et de se préparer au combat lorsque…

Fut-ce leur grand nombre ? Leur poids ? Leur vitesse ? Fut-ce une soudaine montée des eaux ? Fut-ce leurs cris de victoire qui, retentissant déjà, attentaient aux étranges desseins de la Providence et provoquèrent l’ire de celle-ci ?

Quoi qu’il en soit, sous les yeux des hommes de Nissac et de quelques centaines de Parisiens passionnés par cette poursuite, le pont Barbier sembla frissonner en un ultime sursaut, comme un gigantesque animal touché à mort.

Les Frondeurs, désespérément, ralentirent leurs montures à l’exception de deux intrépides cavaliers qui, tout au contraire, poussèrent leurs chevaux dans l’espoir de traverser le pont avant ce qui paraissait inéluctable.

Brutalement, le pont se cabra en son milieu, chaque morceau se dressant en hauteur avant de retomber dans le flot furieux. Attaqué de tous côtés par la violence des eaux, le pont Barbier se disloqua en plusieurs tronçons qui furent tournés et retournés à maintes reprises dans l’écume.

Des Frondeurs et de leurs montures, on ne voyait plus grand-chose. Quelques hommes, une douzaine de chevaux entraînés par le très fort courant et ceux qui ne périrent point noyés se fracassèrent contre les piliers du Pont-Neuf ou la statue d’Henri IV, comme si le défunt roi châtiait lui-même ceux qui s’insurgeaient contre son descendant.

Parmi les Frondeurs, où se trouvaient plusieurs gentilshommes, on ne compta aucun survivant.

Nissac, que ses hommes regardaient avec l’incrédulité réservée aux demi-dieux, se tenait impavide, sa haute silhouette coiffée de son chapeau à plumes se détachant sur un ciel tourmenté où se mêlaient le zinc et l’argent.

Il leva sa main gantée de velours noir et donna le signal du départ.

Les foulards rouges
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